
Date : 09/04/2019
Aérodrome de départ : Rion Des Landes
Région : Nouvelle-Aquitaine
Pays : France
Distance : 86,51 km
Planeur : Marianne
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 78,65 km/h
Grâce à Francis, j’ai pu profiter du Marianne de Rion des Landes. Ca faisait longtemps que je n’avais pas pratiqué en place avant. J’ai été très agréablement surpris. Maniable, rapide quand il le faut, homogène… C’est un très bon numéro qu’ils ont tiré ! La masse d’air était à deux visages. D’une part l’air marin qui arrivait par le Sud-Ouest et la confluence, renforcée par des orages gras et immobiles comme des poussahs. La gestion des zones m’a rendu difficile le départ, mais le Marianne a su raccrocher et me monter aux quasi barbules, juste au nord de la R40-B. J’ai pu admirer les cascades de nuelles matérialisant la confluence, se projetant sur le gris menaçant et plombé des cunimbs en arrière plan, zébrés de flashes mais assez calmes. J’ai pu survoler la forêt landaise avec ses parcelles de jeunes pins, bien coiffées comme des communiantes, les lacs de Morcenx, d’un magnifique jade foncé, prenaient une tonalité dramatique mêlant les lumières des orages et du couchant. Au loin, je me suis laissé tenté par la mer. Sans atteindre l’océan, j’en ai admiré les reflets argentés, rayés de vagues, les dunes horizontales. J’ai cru apercevoir la main de la Statue de la Liberté, au loin… Un bien beau vol de début ! Varios moyen 1.6 m/s ; plafond plus de 1900m ; vent ouest bien établi à 22 km/h, moyenne de pétarou trafiqué, en position dite de la « limande ».
Date : 21/05/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 217 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 87,38 km/h
Enfin un premier vol à Vinon. Le Papa-Jules est devenu français cette fin de printemps. Monté ce matin en trois heures TTC mais tout seul. John m’a juste aidé à enfoncer les ailes : qu’il en soit remercié ici. La météo n’est pas très facile et reste limitée à un périmètre restreint. Le départ, en bon dernier des furieux, est laborieux, tant les conditions en basses couches sont curieuses. Une fois enfin atteint le plafond, je me rue au Nord, dans une rue, précisément, en direction de Saint-Auban. Je me jette sur Lure qui semble la moins mauvaise option. Je me risque jusqu’à Rozans, sans choper le ressaut et sans aller vers le Diois où il se dit qu’un Vinonais a pu monter à plus de 4000m dans l’onde. Je me déballonne et retourne au Sud, poussé par un vent Nord de 30 km/h. La visibilité est crasseuse au Nord. Le retour est haché par le vent. Une fois une confluence sympathique atteinte, je me dirige vers Sainte-Croix. Les couleurs sont toujours aussi tranchées et lumineuses. Les ombres en silhouette des nuages se projetant sur le vert-bleu du lac lui donnent des reflets mauves. C’est la palette de Cézanne ! Je repars au Sud Ouest pour rejoindre les faubourgs de Perthuis. J’atterris, motivé par la perspective d’une bonne bière. Plafond 2600m, vario moyen : 1.6 m/s, vent Sud au Sud, Nord au Nord. Moyenne de Malagutti allégée et dopée à l’éther.
Date : 22/05/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 319,98 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 73,84 km/h
La météo n’était pas très favorable à l’Est, des orages menaçant la fin de l’après-midi. L’Ouest semblait bon de façon durable. Je pars avec le fringant Papa-Jules et Régis fait un superbe cadrage-débordement par la gauche pour tâter un cumulus prometteur. Je l’en remercie cordialement. La sortie du bocal ou plutôt de l’assiette Vinonaise ne se fait pas aisément et je peux admirer le monastère de Ganagobie pierre à pierre. Heureusement, les prières et les élévations de l’âme ont généré un thermique qui m’a permis de rejoindre Peyruis. L’ASG 29 EW m’a montré la pompe que dis-je, « the place to be » à cette heure ci. Me refaisant à Lure, je pars vers Authon, aux sommet duquel un aigle impavide fait mine de ne pas voir mon beau Nimbus. Le fidèle relief s’allume à mon arrivée, les faces Est passant le relais. Je tente les Monges et la crête qui les réunit à Jouerre, sans succès. Auribeau me permet de gravir une marche. L’escalier me monte jusqu’à Dormillouse ou un thermique m’indique la vallée de Saint-Crépin. Le Morgon me glisse, d’un clin d’oeil complice, que Saint-André vaut mieux que Guillaume. Querelle de personnes. Les faces Ouest du grand saint écossais se voient décorées d’aplats de neige d’un blanc pur avec des rehauts comme faits à la brosse par le vent horizontal qui s’est pris pour un artiste peintre. Je suis les reliefs pour la beauté du spectacle. Puis je fonds sur Prachaval. Je mets une pièce et je monte à 2500m. Je pars vers les Agneaux. Ils sont tendres et me montent à 3800m sans violence. Je contemple le Glacier Blanc enneigé. Le Nord est une baignoire savonnée qui ne me tente pas. Je franchis le Pas de la Cavale pour me glisser sous un plafond plus modeste de 2500m. Je suis le relief (en goûtant à une belle taule) puis je me refais au Cuchon. Je passe devant le Pic de Bure, hiératique, pour constater que l’Ouest est certes accueillant, mais que les orages, spécialement celui qui s’enfle sur Lure, risquent de me barrer le chemin du retour. Une directe avec quelques rebonds me fait glisser vers Vinon en finesse grâce aux qualités exceptionnelles du Nimbus. Plafond montagnard à un peu moins de 3900m. Vz moyennes à 1.8 m/s. Vent explorant toute sa Rose selon l’endroit. Moyenne qu’ont peut qualifier, (c’est la propriété intellectuelle de Tatave qui m’en a donné le droit exclusif) de moyenne de lombric neurasthénique).
Date : 23/05/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 392,2 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 71,96 km/h
Aujourd’hui, je pars tôt parce que l’oracle météo du net nous dit que c’est bon au Nord. Des varios mous et des plafonds au ras du plancher donnent le ton. Je rate la première pompe et manque de peu de me poser au point de départ. (Concept dont je suis l’inventeur, dont le programme encore trop ignoré du monde vélivole tient dans son seul énoncé : « la vache à domicile »). Enfin parvenu au Nord de Puymichel, à la suite de reptations vélivoles, un florilège de cumulus baisus m’amène à Vaumuse. J’herborise aux pylônes après avoir tâté des faces Est avec des planeurs d’infortune, pas meilleurs que le Papa-Jules. Chaque thermique doit être exploité « aux forceps ». Enfin, le Nimbus peut s’extraire un peu des lois de la pesanteur. Seyne, le Dormillouse, sont mous. Ce n’est qu’au Morgon que l’aérologie a repris un visage coutumier. Comme hier, j’ai choisi la voie Est de la Durance, par le Saint-André puis le Pic du Clocher. Arrivé haut sur Prachaval, j’ai suivi la gamme habituelle avec un relais à la « crête à Gaston », vigoureuse, puis au Puymoyen. Enfin, la Condamine m’a donné a voir plus loin. Un plané pour admirer la pureté du blanc nivéen couvrant le Glacier Blanc, puis retour aux Agneaux ou la « Bite à Clovis » m’a satellisé (c’est une image!). Je suis allé rejoindre l’Aile Froide pour descendre la Voie Royale donnant à mon beau Papa-Jules des allures de star de revue. Le surf au dessus de la couche était impressionnant. Au Nord de la Cavale, je plongeais avec délice entre les nuées joufflues de la couche, de 500m plus basse que ma trajectoire. Celle-ci, en descente à forte pente, suivait les couloirs restés libres entre les nuages réunis en troupe. Un régal ! Une fois passé sous la couche, je rejoignais Cuchon puis le Pic de Bure. Ses antennes circulaires et regardant dans la même direction évoquaient des Martiens de BD, tout juste sortis de leur soucoupe. Je poursuivis sur le Vercors. Je pus admirer le Mont Aiguille, forteresse inexpugnable, puis le Grand Veymont. Papa-Jules suivit la crête sans atteindre les Deux Soeurs, de crainte que l’aérologie se détériore avec les heures dans la fin de journée. Je glissais jusqu’aux confins de Durbonas (rien à voir avec une des deux soeurs citées plus haut). Puis le Nimbus fit une branche de 67 km à sa finesse nominale. Je restais un peu en l’air dans l’espoir, déçu, de faire un 400 bornes. Une fois de plus et quoique le trajet fut comparable à celui d’hier, le spectacle fut totalement renouvelé. Ciel délavé du début de journée, beauté de la Montagne au Nord, surf entre les nuées, plomb des rues vers l’Ouest, Vercors vêtu d’une pelisse tigrée de neige, le lac secret de Peyssier, caché au Nord d’Aujour, d’un bleu indescriptible, le spectacle d’une carte géographique se déroulant sous le vol majestueux du Nimbus, la carrière de Villeneuve, près d’Oraison, montagne grignotée par des engins microscopiques de plusieurs dizaines de tonnes. Enfin, le rude pays de Giono, paisiblement baigné de la lumière du soir. Tout ne fut qu’émerveillement. Plafond max 4071m en Montagne, Vz moyennes : 1.6 m/s. Vent à dominante Ouest. Moyenne de chenille saoule revenant au cocon par une nuit d’ivresse (spectacle lamentable à déconseiller aux âmes sensibles).
Date : 24/05/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 299,82 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 81,77 km/h
C’est une petite journée qui est prévue ce jour, juste avant des journées de pluie. Personne ne semble se battre pour voler, ou pas grand monde ! Je persiste à vouloir profiter du Nimbus. Les varios sont corrects dès le début. Les plafonds standard. Le plateau de Valensole laisse éclater des couleurs inouïes, comme le vermillon sanglant des coquelicots qui inonde des parcelles géométriques, cernées de champs blonds peignés par les sillons. Le village de Valensole sort de sa torpeur matinale. Arrivé à Beynes, je tâte la Coupe puis nous décidons, Papa-Jules et moi, d’aller vers Liman. La pompe de service s’y trouve à l’échancrure. Je pars sur Dormillouse. Jantoon me conseille la prudence entre Morgon et Guillaume. En fait, le temps que j’y arrive, les conditions se sont améliorées. Lucy me satellise. J’emprunte la Voie Royale pour honorer son inventeur, Pierre le Grand ! (Le Major ou Lemaire). Arrivé au Nord du Pas de la Cavale, les reliefs sont accrochés par la couche. J’hésite entre le Briançonnais et la vallée d’Orcière. « Go West ! ». Le Nimbus monte d’abord, dans un paysage bouleversant de roche et de neige, fait d’aiguilles minérales, enfouies sous des nappes neigeuses immaculées. L’ombre majestueuse du Papa-Jules rétrécit avec l’altitude. Les nuées enveloppent le planeur. Je glisse à travers les nuelles, le panorama me saute aux yeux à chaque issue des fumerolles. Je suis oiseau… Ma trajectoire me guide vers la montagne de Faraut qui forme une barrière, surmontée de cumulus. Le brave Nimbus la passe d’une enjambée. Le Grand Ferrand inverse la pesanteur et pousse Papa-Jules vers le haut, jusqu’au nuage qui le couronne. J’explore l’Obiou, pour contempler la vallée du Drac entre Valbonnais et Vercors, et deviner Grenoble, claire et étale, au loin. L’observation de grains et d’étalements menaçant le retour m’invite à rentrer un peu plus tôt. L’ultime thermique est pris au travers du Pic de Bure. Un long glissando de 114km m’amène directement à Vinon, passant les monts et les plaines, le lit des cours d’eau tranchant perpendiculairement les barrières rocheuses, et laissant le relief se dérouler puis s’étaler sous le planeur altier, jusqu’à ce que celui-ci rejoigne son ombre, pour citer Saint-Exupéry. Une journée qui n’avait rien de petit, puisque le plaisir était immense. Plafond à 3680m en montagne, à 3000m dans le Diois. Vz moyennes à 1.4 m/s. Vent faible à tendance Sud-Ouest. Moyenne de R8 Gordini en course de côte. (Bleu-roi à bandes blanches, bien sûr…)
Date : 27/05/2019
Aérodrome de départ : Saint-Auban
Région : PACA
Pays : France
Distance : 192,12 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 62,21 km/h
Une journée fade est prévue. Des plafonds bas, des orages à l’Est, un peu mieux à l’Ouest. Papa-Jules entame un départ mou sur Lure et, sans monter plus haut que 2000m, part vers Authon. En chemin, l’aérologie semble s’améliorer. Les Monges, à peine dégagées des nuages sont assombries par ceux-ci. Le plafond évolue vers des étalements qui engagent une fuite vers Colombis. L’Ouest est plus généreux en ascendances. Le Nimbus transite aux barbules devant le Pic de Bure, solidement planté et coiffé de neige. On ne dépasse guère 2500m. Arrivé au nord du Col de Cabre, je fais comme tout le monde, je redescend vers l’abdomen du lecteur de la carte, sans céder aux sirènes de Glandasse, qui chantent sous des futurs étalements. Comme je suis facétieux, j’explore les basses couches. Je passe à quelques dizaines de mètres de deux randonneurs assis au sommet de la Montagne de l’Aup, alimentant leurs commentaires du soir, sans doute. J’herborise au dessus de Serres en observant de près son activité aéronautique. Je finis par trouver un ascenseur qui me permet d’évaluer la menace de grains épars qui compromettent potentiellement le retour au sec. Je fais une directe vers Saint-Auban. Le Papa-Jules rejoint la planète aussitôt. Plafond 2500m. Vz moyennes : 1.4 m/s. Vent Ouest ou Nord. Moyenne de promenade dans le parc d’une maison de retraite.
Date : 28/05/2019
Aérodrome de départ : Saint-Auban
Région : PACA
Pays : France
Distance : 130,6 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 28,09 km/h
Du vent, de l’onde ! Le Nimbus se jette sur les Mées. Un peu de pente puis une ascendance à Peyruis. Des rotors m’attendent au Sud de Lure. J’aurais dû emporter une bouteille d’Orangina. Je m’aperçois que Papa-Jules aurait besoin d’un bon coup d’aspirateur, puisque je peux contempler les bonds de puce de tous les débris qui s’étaient cachés au fond de l’habitacle. Enfin un ressaut, anémique. Au lieu de persévérer, je choisis l’option des zones au Nord de Lure pour éviter la R71 qui va s’activer. De ratatinée en ratatinée, je prends l’option des basses couches et le Nimbus surfe sur la face Nord de la crête de Lure vers l’Ouest. Je vois le Ventoux, solennel, mais au travers de Séderon, je retourne sur la vague immobile et minérale pour me rapprocher de mon lieu de départ. C’est alors que j’envisage de dessiner un plat de spaghettis sur le Jabron. Le résultat est à la hauteur, si je peux dire, puisque je suis dans les basses couches alors que j’entends les messages triomphants des collègues, aux effluves oxygénées, donnant des altitudes en milliers de mètres. De guerre lasse, je retourne aux Mées pour un second départ. La pente me relance, je pars sur Lure. Un aspirateur géant monte le Nimbus vers l’altitude, lui fait dépasser les nuages, la planète semble se rétrécir. Désormais tout semble proche. J’admire le panorama, puis je décide de rentrer. Les aérofreins et le strict respect de la VNE à l’aune de la TAS me descendent presque difficilement. Le Papa-Jules rejoint le sol, non sans avoir subi le shaker à cocktail des rotors avant de se poser. Un bon exercice de mania ! Plafond 4200m, Vz moyenne 1.6m/s, vent Nord-Ouest mesuré jusqu’à 80 km/h en altitude. Moyenne de SG 38 en circuit, face au vent.
Date : 29/05/2019
Aérodrome de départ : Saint-Auban
Région : PACA
Pays : France
Distance : 127,89 km
Planeur : Duo-Discus XL
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 57,26 km/h
Alain me fait l’honneur de me faire voler comme instructeur. Qu’il en soit remercié. Je pars avec Nathalie, en première rotation. Les Mées ne sont guère généreuses. La menace d’y rester planté un certain temps commence à planer. Le Duo-Discus accroche enfin dur la Tôle ondulée. De Vaumuse en Authon, nous atteignons Jouerre. Les nuages sont pervers et les pompes étroites, voire carrées ! Nous finissons par faire de la pente sur la Blanche. Nathalie est aux anges. Elle jubile lorsque nous arrivons à l’Estrop. Notre retour en ligne droite lui fait tourner la tête pour profiter encore de sa première Montagne. C’est avec un large sourire de joie et des étoiles plein les yeux qu’elle laisse la place à Philippe. Ce fût ma récompense !
Date : 29/05/2019
Aérodrome de départ : Saint-Auban
Région : PACA
Pays : France
Distance : 183,92 km
Planeur : Duo-Discus XL
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 52,05 km/h
Départ avec Philippe. On va directement sur la tôle ondulée. On monte par l’escalier habituel jusqu’à Authon. Les pompes sont assez bizarres, très étroites, pas franches. Après un errement sur Jouerre, nous passons les Monges, puis nous prenons un ascenseur indiqué par Maître Alain. Nous partons vers Denjuan, sous une épaisse rue plombée, puis nous montons à l’Ubac, au Col de l’Estrop. La pompe nous permet de contempler une averse de neige sur le Mercantour. Nous décidons de ne pas aller vers Barcelonette. Le reste du Parcours nous amène au Dormillouse, anémique, puis au Morgon, enrichi des quelques pétards de fin de journée. Je vois au loin un planeur se projetant sur Lucy. Les risées sur le Lac de Serre-Ponçon attestent d’une brise et un cumulus domine le Guillaume au loin. Je lance le Duo-Discus et arrivé à la pente. . . Nous constatons que quelqu’un a éteint le Guillaume ! Lucy est également vide. Le planeur suit la pente vers Chabrières ou un ultime nuage vespéral et une serre encore chaude nous rendent un peu d’altitude. Je vais sur la pointe des pieds vers le Morgon, ou plutôt le Morgonnet, puis nous grattons les pentes à peine alimentées. L’ascension se fait mètre après mètre. Je dois voler très près du relief. Cela ne plait pas trop à Philippe. A force d’opiniâtreté, j’arrive à inverser la tendance et à me faire pardonner cette erreur de jugement. Je lui présente de nouveau toutes mes excuses pour cette fin de vol déplaisante, qui correspondait pas à son attente. Nous grattons ensuite le Dormillouse, puis la pente nous donne suffisamment d’altitude pour nous permettre un retour promis sans faille. Quoi que ! Arrivés à l’Est de Colette une monstrueuse dégueulante nous invite à nous jeter sur les Mées qui nous assurent le local de Saint-Auban. Autant le vol avec Nathalie fut joie et partage, autant ce vol a légitimement déplu à Philippe. Comme quoi, il ne faut pas aller trop loin et se contenter d’un vol sécure. Se méfier des décisions liées à la surenchère. Je ne suis pas près d’oublier cette leçon. Merci à Philippe pour sa compréhension.
Date : 30/05/2019
Aérodrome de départ : Saint-Auban
Région : PACA
Pays : France
Distance : 484,98 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 81,74 km/h
De belles conditions aujourd’hui. Enfin le Nord ! Je pars face au Sud malgré la fin de la brise de nuit. Comme Alain parle de varios anémiques, je me fais remorquer à la Bigue. Ma performance de départ doit tout à l’invention de l’hélice. Je suis de lourdes rues pas trop généreuses en ce début d’après-midi. La pente me permet un Fosbury flop à l’Aiguillette vers la Petite Séolane. Le Grand Bérard, impérial, me satellise dans les nuelles. Je pars vers Vars. Je tâte de Prachaval qui reste endormie. Je repars au Queyras ou deux planeurs m’indiquent le 4000m qui apparaît. Les montagnes sont enneigées et la visibilité est excellente. Au Mont Blanc, lointain et inaccessible, s’oppose la plaine italienne, comme endormie sous la couche d’inversion, très basse. Au loin, les Alpes Italiennes du Sud se dressent, tigrées de névé. Une couette de nuages enveloppe les contreforts du piémont, au-delà du Viso, tout empanaché de gaze nébuleuse. Arrivé au bout de l’alignement de nuelles, vers le travers du col Agnel, je retourne vers le Sud. L’altitude me permet un plané jusqu’à la Serre de Montdenier, en passant au dessus des mille mètres interdisant le Mercantour. Je glisse encore vers Puimoisson. Le Vinonais ne me tente pas avec des cumulus à l’air faux-cul. Je remonte le Parcours puis Papa-Jules passe Allos. Nous nous ruons sur Siguret qui ne déçoit pas. Le cirque de Chambeyron à des allures de mandibule de squale posée sur le relief. En guise de langue, le fond givré qui congèle les lacs. Je repart sur Saint-Véran puis je retourne, définitivement cette fois, vers le Sud, pour constater que le paysage, d’un moment à l’autre de la journée, offre des variations inouïes de panoramas et de nébulosité. Je glisse vers Oraison puis le fier Nimbus va se poser pour me permettre une bonne bière en guise de récompense. Plafond : 4113m, Vz moyennes 1.7m/s, Vent du SW à N selon l’endroit. Moyenne de vieux planeur vaillant.
Date : 31/05/2019
Aérodrome de départ : Saint-Auban
Région : PACA
Pays : France
Distance : 252,55 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 72,16 km/h
Moins bon qu’hier, aujourd’hui. Un voile fin devait pénaliser des varios mou et bas. Eh bien ! L’oracle a eu raison. Après une reptation en direction du relief et survolant Puimoisson, dont j’ai pu contrôler la pureté de l’eau de la piscine, seule Beyne daignait donner de l’espoir et de l’altitude. Liman et ses cumulus isolés dans le bleu céleste attirait le Nimbus. Le Blayeul invitait à explorer la Blanche. En pure perte, Blanche. Elle était plus thermo que dynamique. Et encore, avec de la patience. Le Morgon agitait mollement les ailes du Papa-Jules en traversant ses thermiques anémiés. Le Guillaume montrait un planeur au dessus de la crête, mais de nuage, point. Le brave planeur quadragénaire, une fois arrivé sur site, y commença une lente montée à 2200m. Les thermiques étaient rares et mous. Le dynamique, absent malgré les Kite-Surfeurs du Lac en contre-bas. Ayant péniblement grimpé ma monture à 2700m, il me semblait évident que le retour s’imposait. Avec Max, ratatinés au Morgon, au grand plaisir des randonneurs à la pause au sommet, nous avons profité d’un vario pneumonique pour arriver au Dormillouse vers 2300m. Heureusement que le Nimbus se révèle aussi bon grimpeur qu’un bois et toile et transite correctement (lentement, certes) avec ses 49 de finesse. L’appui sur le relief triplement épiscopal permit d’aller chercher les nuages d’une faible confluence au Sud de Lure, nous assurant un retour sans stress. Une branche de fin de saison et le démontage conclurent ce voyage, pas bien loin, pas bien haut, mais intéressant. Plafond 2859m, Vz moyennes 1.3 m/s, Vent secteur Ouest faible, moyenne de lépidoptère.
Date : 01/06/2019
Aérodrome de départ : Saint-Auban
Région : PACA
Pays : France
Distance : 370,7 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 81,77 km/h
Comme convenu, une belle journée en perspective. Le départ, même s’il fût tardif me concernant, était encore mâtiné de faces Est. La crête ne donnait rien d’ordonné. Les planeurs précédents s’y encombraient. J’abandonnais ceux-ci pour tâter la Crête de Saint Martin l’Aldrech. Finalement, c’est la Crête de Tigne, renforcée par les toitures déjà chaudes de Vollone qui ont permit à Papa-Jules de s’extraire de la pesanteur pour quelques centaines de mètres. Ce délai à permis aux crêtes de Vaumuse de s’établir. Le Nimbus est donc parti de bonds en bonds vers l’Est des Monges pour se rapprocher des nuages. Les rues, pas encore à leur zénith prévu, m’ont permis de passer le col à l’Aiguillette pour rejoindre la Petite Séolane, ignorée, puis se ruer sur les pentes rocheuses et nues du Grand Bérard. C’est le Brec de Costebelle qui m’a hissé au sommet des ascendances. Passés 3000m le séparant des vagues du Port de Marseille, le Nimbus put atteindre, par de petits bonds sur les thermiques, la Pointe de Pécé. Alors que la Maurienne et le Mont-Blanc me tentaient, je jugeais que ce vol devait impérativement se clôturer à 18h00 à Vinon pour convoyage. Je pris une option plus rapide vers l’Ouest. Je fis une directe sur les Agneaux. L’altitude me permit des visiter le Glacier Blanc, éblouissant de neige mais je ne put me résoudre à rejoindre le Taillefer, n’ayant jamais effectué ce plongeon. La perspective de me poser à Bourg d’Oisans me conseilla de contourner par le Sud. Comme hier, je suis parti par le Pas de la Cavale, pour contourner le Massif des Ecrins par le Sud. L’aérologie et une altitude suffisante me permit de couper à travers le parc au dessus de l’altitude réglementaire. Je pus rejoindre et dépasser Notre Dame de la Salette pour utiliser le Valbonnais comme un plongeoir, m’élançant vers les Deux Soeurs, avec un détour sous le cumulus du Sénépy, afin de tenter de suivre Maître Alain qui ouvrait le chemin. Je pus rejoindre le Col des Moucherolles ou des parapentistes attendant leur tour saluèrent le fier Nimbus. Ça ne montait pas haut, mais ça ne tombait pas ! Papa-Jules surfa sur les pentes Ouest des crêtes, admirant le Grand Veymond par-dessous, glissant sur les falaises de Glandasse. En quatre thermiques résiduels et un long glissé sur l’air chaud et stable du soir, l’orchidée des années soixante-dix de Klaus Holigaus put rejoindre Vinon en appui sur ses ailes souples et interminables. Plafond 3724m, Vz moyennes : 1.7 m/s, Vent généralement Sud Ouest. Une petite pensée pour un philosophe qui a su mourir comme il a vécu, en accord avec lui-même et sereinement au terme d’une vie longue et riche, Monsieur Michel Serres.
Date : 03/06/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 386,49 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 85,26 km/h
La journée devait être difficile à cause des averses et des orages en montagne. Eh bien, ça c’est vérifié ! Le départ, en thermique pur, fut très difficile. Les ascendances étaient molles. J’ai précipité le Nimbus vers les côtes Sud-Est du plateau de Puymichel. Puis, j’ai suivi les champs photovoltaïques jusqu’aux pylônes. Un modeste vario m’a permis d’aller sur Vaumuse. Nous avons ramé avec Gérard jusqu’à atteindre, non sans mal, Auribeau. J’ai choisi l’option du nuages au nord des Monges ; « Jackpot ! ». Les 3000m atteints ont permis de suivre une sombre rue qui menait au Pic Saint-André. Un rebond sur le Pic du Clocher, enfin Vars. A 3300m, le Papa-Jules a pu suivre les rues et les alignements de cumulus jusqu’au Col Agnel en direction de Gad. Sur le trajet, des cascades bouillonnantes de nuées marquaient la confluence entre la masse d’air du Briançonnais et celle de la Lombarde italienne. Des rues sombres contournaient les halos de grésil surmontés de monstrueuses nuées d’un plomb dramatique, semblant prêtes à libérer leur formidable énergie. Au Sud du Rognon d’Etache, un superbe cumulus en plein ciel bleu, a aspiré le Nimbus à 4000m. La Vanoise était splendide. Mais la voix reconnaissable de Jean-Pierre m’a fait observer que la météo ne s’améliorait pas sur le chemin du retour. J’ai donc pris un cap au Sud, poursuivi par les grains des Ecrins, de Briançon et même Sestrières qui se réunissaient en une méduse gigantesque, surmontant des rideaux transparents de pluie et de grésil, en prolongeant horizontalement des tentacules d’étalements qui stérilisaient toute aérologie. J’ai apprécié d’avoir chargé Papa-Jules d’une centaine de litres d’eau. La fuite n’en fut que plus rapide. Le Col de Vars me remonta fidèlement, puis la débandade continua en direction de la rue allant du Siguret vers la Séolane. Un ultime gros thermique remplit le réservoir d’énergie potentielle du Nimbus. Celui-ci permit au fier libre des seventies un plané de 123km dans la soie de l’air stable qui nappait la carte géographique en relief se déroulant indéfiniment, toujours vers le Sud. Finalement, Papa-Jules daigna se poser. Plafond : 4000m, Vz moyennes : 1.5 m/s Vent Sud-Ouest. Moyenne de pimpant quadragénaire (le planeur, pas le pilote !).
Date : 04/06/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 399,52 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 68,5 km/h
Ça fume au Nord ! Mais au Sud, c’est la galère. . . Les furieux de Vinon passent par Puimoisson. Hélas, je choisis Peyruis. La grande traversée par les Monges se résume à une reptation vélivole. Enfin Papa-Jules et moi nous sautons sur Micheline. Pas farouche, elle nous monte complaisamment. Ce n’est qu’à Barcelonnette que nous passons les 3000m. Le Grand Bérard me projette aux barbules fidèlement. Je rejoins enfin les bonnes masses d’air. L’Isoard satellise le Nimbus. Des rues confinant à des autoroutes me mènent à Bardonnecchia. A l’Est quelques étalements surplombent les panaches de lombarde qui ensevelissent l’Italie. Un soupçon de laminaire est raté de peu. Un ratage au Thabor me fait perdre du temps. Le Nord est magnifique. Mais il est tard ! Je vais jusqu’au travers du Perron des Encombres en milieu de vallée, puis je me décide à rentrer car que je subodore que le retour sera très fin. La haute montagne est splendide. Les lac ont des aspects de sirop de menthe givrée, les vallées profondes sont tapissées d’une herbe grasse formant velours. Les cimes noires de roches aiguisées crèvent un lourd manteau de neige éblouissante au soleil du soir. Les Aiguilles d’Arves dressent leurs trois doigts minéraux. Les nuages, généreux, établissent des rues à 4000m. La Meije invite à la franchir vers l’Ouest. Trop timoré, j’hésite puis je renonce. Hélas cela me fait rater l’onde aux Deux Alpes. Le retour s’en trouvera bien allongé. Je glisse donc sur le Glacier Blanc puis la Voie Royale est descendue. Chemin faisant, je rate une nouvelle fois le laminaire. Le retour par le Parcours s’impose désormais. Il sera quelque peu gâché par l’onde de Sud. Les varios sont assez mous sur la Blanche et l’Estrop. Pourtant glissant sur 104 km à finesse 64, le Nimbus n’a pas démérité. A la Serre de Montdenier je suis parti sur la pente pour reprendre quelques mètres. Vers Aiguines, à l’endroit ou le relief ressemble tant aux collines du Chanet, dans ma chère Lozère, un groupe de vautours m’a gentiment indiqué le dernier thermique de restitution de la journée. J’ai eu l’illumination. Pourquoi « Papa-Jules » m’a-t-on souvent demandé ? La réponse est là, évidente : Papa-Jules, c’est la « Pompe à Jules » de Michel Mouze. Merci les vautours ! Le fier Nimbus enfin renseigné sur son patronyme, a consenti à me ramener à Vinon en glissant silencieusement dans l’air stable, donnant à ce retour des allures d’aviation commerciale. Plafond : 4087m, Vz moyennes : 1.6 m/s, Vent Sud jusqu’à 19 km/h. Moyenne de rapace lozérien en goguette.
Date : 06/06/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 152,55 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 80,29 km/h
Hier deux ratages dans l’onde de Sud, aujourd’hui un faux départ, pas d’accrochage sous des cumulus joufflus. La fatigue est donc là. Je pars sans ambition vers le Parcours. Le plafond n’est pas extraordinaire. Le Cheval Blanc, au loin, est décapité par un lourd nuage. Je pars sur Liman. J’y arrive assez bas pour exercer mon œil de botaniste. Je m’éloigne de la planète, très modestement pour rejoindre les antennes du Blayeul. C’est à ce moment là que j’ai aperçu le Morgon pris dans les tourbillons d’un nuage sombre et bas. Finalement, enfermé par une aérologie sans charme, pris de bâillements qui ne devaient rien à l’hypoxie d’altitude, je décide, de revenir sur Vinon via les Monges pour démonter le Nimbus et le mettre en attente dans sa remorque. Ce que je fis. Plafond 2270m, Vz moyennes : 2,2 m/s, Vent Ouest puis Sud. Moyenne moyenne. . .
Date : 23/07/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 206,83 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 89,97 km/h
Aujourd’hui, arrivé à Vinon hier, j’ai pu monter Papa-Jules seul ou à peu près en 1h30. C’est un record ! Pour remercier John qui m’a un peu aidé, j’accepte de faire « de l’instruction » pour trois élèves à relâcher sur plastique. Les trois ont réussi. L’envol du Nimbus n’a pu se faire qu’à 14h00 passées. Le temps de partir et les orages bloquaient les montagnes au Nord. Chemin faisant, j’admirais les champs de lavande peignés fin et Valensole immobile dans la touffeur de la canicule. Papa-Jules me rafraîchissait avec l’altitude des cumulus. Arrivé à la serre de Montdenier, le Parcours était obscurci par une chape de brume surplombée de congestus menaçants. Un détour tactique m’a amené à Liman ou j’ai pu voir un cadavre de planeur posé sur la côte Est. Heureusement, le pilote n’a rien. Le Nimbus a pris la direction de la crête des Selles. Les averses abattaient leur averses opaques et blanches sur les reliefs : Seyne, le Parcours, les monts à l’Ouest de Serres. Les enclumes crevaient les étalements de congestus. Je pris la décision d’écourter le vol. Le brave planeur quadragénaire m’a ramené à Vinon, afin de le vêtir de ses housses. Un vol court mais agréable puisque je retrouvais mes chères Alpes. La météo a restreint mon voyage, pas mon plaisir. Plafond vers 2500m, Vz moyennes 2 m/s, Vent Sud puis Sud-Ouest. Moyenne de Barzoï courant après un lapin en chiffon.
Date : 24/07/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 266,95 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 86,11 km/h
L’oracle météo prédit des orages sur le relief. De plus, le Tour de France raye Gap des aérodromes de dégagement. Je pars donc sans grande ambition. Les plafonds sont bons d’emblée mais un air crasseux embrume la visibilité sous des nuages déjà lourds. On devine les reliefs plus qu’on ne les reconnait. Je pars pour devancer les orages. Je croise un ombrageux aigle royal à qui je laisse la pompe. Mon arrivée sur la Blanche la dévoile molle en dynamique. Les plafonds sont là, à 3000m, mais les étalements commencent. Je décide de faire un vol court et de finir la ballade vers le Sud. De magnifiques cumulus me soulèvent jusqu’à Castellane, ou arrive l’air marin de Cannes. Je pars donc vers Aiguines. J’y traverse le Verdon devenu autoroute pour kayaks. Le Lac de Sainte-Croix étale son bleu-vert incroyable, encadré de champs grillés pointillés de vergers. Les lavandes sont finement peignées. Les villes sont écrasées de lumière et de chaleur. Papa-Jules profite des ombrelles nébuleuses et de la fraîcheur des barbules. Me dirigeant vers les congestus, futurs nimbus, je glisse au dessus de l’épine du Luberon, lavant le planeur de fines averses, puis je reviens sur Vinon, presque somnolent de fatigue. La descente donne l’impression d’entrer dans un four allumé. Plafond : 3084m, Vz moyennes 2 m/s. Moyenne d’un vieux entrant dans un supermarché à l’ouverture.
Date : 25/07/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 399,76 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 80,22 km/h
La météo devait être super bonne à l’Ouest et moyenne dans les montagnes. De plus, les Rois de la pédale sont survolés par des drones bourdonnants prioritaires sur tout autre engin volant. Cela devait donc limiter le terrain de jeu. Je suis parti vers le Parcours, avec le rôle de la buse. Papa-Jules a trouvé de suite un thermique pur jusqu’à 1800m et je l’en remercie. Le plateau de Valensole envoyait des courants d’air verticaux et invisibles. A l’Ouest de la Serre de Montdenier, une pompe gigantesque a satellisé le Nimbus à 2800m ! La montée vers le haut de la carte n’en a été que facilité. Arrivé à l’Estrop, après un somptueux rebond sur Cheval Blanc, je n’ai pu que constater le gâchis vélivole provoqué par le Tour de France. En effet les champions transpiraient sous de scandaleux cumulus qui nous narguaient de leur hauteur. Je partis donc vers l’Ouest, montrant le ventre du planeur à Louis XVI, puis j’accompagnais un couple d’aigles royaux totalement indifférents sur la Tête de Lucy, cette fois. Mon voyage m’amenait naturellement vers le Col Bayard. Je franchis allègrement les vallées vertigineuses d’Orcière et du Valgaudemar, sous d’épais cumulus assez généreux. Ainsi, ma promenade m’amena au Taillefer. Les Belledonnes semblaient « mamelue » mais l’aspect crasseux de l’atmosphère sur Grenoble ne me fit pas envie. Le Nimbus pointa son nez orange en direction de l’abdomen du lecteur de la carte. Un détour parfaitement inutile, mais justifié par l’envie d’y aller voir, m’amena à l’Obiou. Le Grand Ferrand me redonna de la fraîcheur. Je rendis visite au Pic de Bure. Ses paraboles étaient rangées comme une batterie de casseroles sur l’étagère de son plateau. Je revins vers Lucy, non sans avoir bavardé avec Tino. Ma ballade m’amena sur le Cugulet et sur la crête de Vars qui remplirent mon réservoir d’énergie potentielle. Un rebond sur le Parpaillon, puis vers le Chapeau de Gendarme. Une directe me rapprocha d’une bière gigantesque. Je pus me prendre pour un rôti qu’on va enfourner pendant la descente. C’était mieux là haut ! Plafond 3600m au mieux, Vz moyennes 2 m/s, Vent Sud, moyenne de mari jaloux rentrant chez lui après avoir entendu une voix inconnue et masculine au téléphone de son domicile.
Date : 26/07/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 355,79 km
Planeur : Duo-Discus
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 84,71 km/h
Une journée de fou prévue aujourd’hui. Je fais de l’instruction, pour dépanner, avec Pierre qui envisage de prendre contact avec le deuxième secteur. Nous partons avec un Duo-Discus. Le plateau de Valensole permet de faire des gammes et de la mania. D’emblée les plafonds sur Coupe sont géants. Si bien que nous sortons les AF pour reprendre Cheval Blanc à une altitude plus ordinaire. Pierre découvre le vol de pente. Arrivés au Morgon, nous saluons d’une spirale des randonneurs qui rapetissent en levant la tête. Nous parvenons au Guillaume. Pierre y fait ses premiers allers et retours sur la pente. Je lui en offre une deuxième séance en descendant aux AF à notre altitude d’arrivée. Lucy nous offre un thermique dantesque et viril qui fait abandonner un compagnon de fortune qui préfère repartir au Guillaume. Nous avons pu admirer Chabrière de haut puis nous somme allé sur le Pic de Bure. Celui-ci nous a offert deux puissantes ascendances, obligeant à des inclinaisons franches et à tirer le manche. Nous finissons par glander sur Glandasse et à admirer le Col du Rousset roussi. Le retour se fait par un trajet quasi identique éludant le Guillaume. Colombis nous fait rebondir puis Dormillouse nous ouvre le Parcours sans pompe prendre de 2300m jusqu’au plan final vers Vinon. Pierre est aux anges. La visibilité était grandiose, les cumulus insolents, les pompes puissantes à faire monter des enclumes. Un temps de curé ! Plafond 3500m, Vz moyennes 1.5 m/s, vent Sud Ouest à Sud, moyenne d’amant quittant le domicile de sa maîtresse après avoir malencontreusement répondu au téléphone.
Date : 29/07/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 264,91 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 75,82 km/h
Ce matin, je n’ai pas pu entendre le briefing car je refaisais une porte de mobil-home. Je suis néanmoins parti. Le brave Nimbus, a trouvé les ressources pour franchir le plateau de Valensolle sans monter au dessus de 1500m. Seuls les contreforts de la Serre de Montdenier lui ont permis de monter à plus de 1900m. Une erreur tactique m’a fait négliger la masse d’air du varois. Coupe ne donnait rien. Le sommet de Pompe en était dénué. Je commençais à herboriser près de Marcoux. Enfin un thermique intermédiaire a autorisé Papa-Jules à accéder à Liman pour retrouver un peu de fraîcheur et d’altitude. Je pris la direction de Seyne. L’avenir était dans la vallée de Barcelonnette. Encore le Grand Bérard était-il mou en dessous des crêtes. Seul le Siguret, fidèle, me propulsa à 3200m. Le Briançonnais n’étant pas attirant, le Queyras invitait à voler plus au Nord. En vue de Saint-Véran, je pris la décision de retourner au sud. Une ballade entre Queyras et Chambeyron me permit d’admirer le Lac Saint-Anne, lumineux, bleu vert, profond, posé sur les pelouses émeraude cernées de roches acérées. Les crocs de la montagne semblaient mordre la barbe à papa des cumulus les surmontant. Des cascades nébuleuses marquaient les masses d’air italiennes. Le Paneyron puis le Parpaillon me firent rebondir vers Barcelonnette puis les Séolanes en un long plané vers Chamatte. J’eus envie d’aller contempler Cannes mais le lessivage de la masse d’air vers Vinon me convainquit de faire une directe vers une bière géante en profitant des confluences évanescentes. Ce que je fis ! La fin du vol évoquait la ligne en première classe. Plafond 330m, Vz moyenne 1.4 m/s, Vent Ouest à Sud, faible. Moyenne de colibri. Le voyage fut bref, étroit mais superbe.
Date : 30/07/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 508,55 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 86,19 km/h
C’est la journée de la semaine voire du mois ! C’est bon partout. En revanche il faut sortir et là, ce n’est pas gagné ! En effet, transiter à 1000m QNH sur le plateau n’est pas très reposant. Chaque pompe ajoute 100m de plus au plafond, ce qui laisse de l’espoir. Arrivé à 1100m à Puimoisson aéro, une pompinette me porte à 1400m ce qui permet d’accrocher les reliefs et de s’élever un peu. Malgré les avertissements d’Alain (l’autre !) Coupe n’est pas mauvaise. Mais le Cheval Blanc est stérile. Un thermique côté varois permet de rejoindre Côte Longue. Enfin, le Parcours a soutenu le Nimbus en le portant sur la pente. Les pompes de service étaient pourtant molles. Le Papa-Jules décida de rejoindre l’Aiguillette. C’est là que je pu rejoindre la masse d’air favorable du Briançonnais. Une fois satellisé par le Grand Bérard, le Nord était enfin accessible. Mes rebonds me menèrent sur le Chaberton dont je vis les canonnières rétrécir. J’arrivais à la Pointe de Ronce. Elle n’était pas aussi bonne que le Charbonnel. Le Nimbus suivit la confluence en projetant son ombre sur les cascades montantes de nuages lombards. Le Carro fut dépassé. Les cumulus suisses semblaient éloignés et le Papa-Jules n’est pas un modèle de rapidité. Je décidais donc d’aller en direction du Mont-Blanc. En effet il était déjà 16h00. Je m’enfarinais au Col du Petit Saint Bernard à 2700m. Je repartis chercher les bonnes masses d’air de la Vanoise. J’ai volé au dessus (le plus souvent) des 1000m de hauteur fatidiques qu’un crétin de la DGAC a pu confondre avec des pieds. A quand un règlement européen pour homogénéiser les interdits sur les Parcs et récupérer les idioties franco-françaises ? (Pour une fois qu’on réclame…). Après avoir rejoint les barbules à la Roche Bernaude, le retour fut choisi par la Voie Royale rejointe au Pas de la Cavale. Je décidais un tout droit jalonné par quelques pompes anxiolytiques. J’ai pu admirer (de près !) les lavandes peignées, les villes submergées de touffeur du plateau de Valensolle. Puis les reliefs calcaires du varois. Les moutons, sur la Montagne de Lachen, à côté du Col Talon, s’étalaient sur les pelouses grillées comme poussés là par un balai gigantesque. Les roches clines de l’Estrop gardaient prisonniers des coquillages antiques. Arrivé dans la haute montagne, je pus voir les cimes minérales et stériles se dresser sous la ouate des nuages. Plus loin, La mousse lombarde menaçait les reliefs de la Maurienne. Le Lac du Mont Cenis, dalle de verre bleue de jade, illuminait le sol. Le Carro, sur son versant Nord, dégoulinait vers les roches bistres et acérées italiennes. Quelques Lacs à la menthe égayaient l’ensemble. Les reliefs, plus au Nord surmontaient des pelouses d’émeraude ou étaient posés des lacs tantôt d’un bleu lumineux, tantôt d’un gris plombé. Le Mont Pourri, imposant et nu, le schiste noir pointé vers le ciel, se dressait. Le Briançonnais jouissait des derniers rayons de soleil. Le Massif des Ecrins traçait sa ligne de crête sous une coiffe nébuleuse. Les pelouses du Clos Ginou captaient les rayons du soir sur le velours des pelouses, jauni, comme usé, aux sommets. La fin de ce voyage irréel voyait se dérouler les paysages en descente vers Vinon. C’est peu dire que ce fut un bien beau vol. Plafond maxi : 4186m, Vz moyennes 1.6 m/s, Vent constamment Ouest. Pourquoi parler de moyenne quand c’est si beau!
Date : 31/07/2019
Aérodrome de départ : Vinon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 252,55 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 72,16 km/h
Moins bon qu’hier, aujourd’hui. Un voile fin devait pénaliser des varios mou et bas. Eh bien ! L’oracle a eu raison. Après une reptation en direction du relief et survolant Puimoisson, dont j’ai pu contrôler la pureté de l’eau de la piscine, seule Beyne daignait donner de l’espoir et de l’altitude. Liman et ses cumulus isolés dans le bleu céleste attirait le Nimbus. Le Blayeul invitait à explorer la Blanche. En pure perte, Blanche. Elle était plus thermo que dynamique. Et encore, avec de la patience. Le Morgon agitait mollement les ailes du Papa-Jules qui traversait ses thermiques anémiés. Le Guillaume montrait un planeur au dessus de la crête, mais de nuage, point. Le brave planeur quadragénaire, une fois arrivé sur site, y commença une lente montée à 2200m. Les thermiques étaient rares et mous. Le dynamique, absent malgré les Kite-Surfeurs du Lac en contre-bas. Ayant péniblement grimpé ma monture à 2700m, il me semblait évident que le retour s’imposait. Avec Max, ratatinés au Morgon, au grand plaisir des randonneurs à la pause au sommet, nous avons profité d’un vario pneumonique pour arriver au Dormillouse vers 2300m. Heureusement que le Nimbus se révèle aussi bon grimpeur qu’un bois et toile et transite correctement (lentement, certes) avec ses 49 de finesse. L’appui sur le relief triplement épiscopal permit d’aller chercher les nuages d’une faible confluence au Sud de Lure, nous assurant un retour sans stress. Une branche de fin de saison et le démontage conclurent ce voyage, pas bien loin, pas bien haut, mais intéressant. Plafond 2859m, Vz moyennes 1.3 m/s, Vent secteur Ouest faible, moyenne de lépidoptère.
Date : 21/08/2019
Aérodrome de départ : Saint Crépin
Région : PACA
Pays : France
Distance : 309,14 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 79,27 km/h
Un départ gag. Même les meilleurs (Monsieur René, c’est dire !), ont eu du mal à monter. Seul un méchant thermique anémique, au redan à Guillestre, maintenait en l’air. Les remorqués ont eu beaucoup de succès. Après avoir repeint l’intégralité de la pente de Prachaval à la recherche d’ascendances prises au réveil, puisque le dynamique était absent, je finis par monter suffisamment haut pour rejoindre Gaston. Enfin, le Nimbus pouvait s’extraire de l’attraction terrestre ! La suite fût classique : Tête du Peyron, Peyre-Eyraute… Les reliefs s’éloignaient vers le bas, enserrant le magnifique Lac de l’Ascension, d’un bleu-vert irréel. Je tâtais des Crêtes de Peyrolles qui paraissaient assez molles pour infléchir ma trajectoire vers l’Eychauda puis la Condamine. Je pus capter suffisamment d’énergie potentielle pour survoler la crête des Agneaux qui projetait ses cimes noires et acérées vers le ciel. Je pus descendre la Voie Royale, à la fois magnifique et impressionnante. Le Dôme des Ecrins, le Pelvoux, l’Aile Froide dominaient mon minuscule planeur. Les sommets abritaient leur pointe sous une ombrelle nuageuse, sombre et dramatique. Au, loin, la vallée du Drac disparaissait sous une épaisse couche nuageuse. Elle ne laissait émerger que l’Obiou et le Grand Veymont. La descente du Papa-Jules fût jubilatoire, le surf sur les nuages, me permettait d’observer la silhouette élégante du Nimbus auréolé de la gloire du pilote, les nuelles furent traversées permettant à la beauté du paysage d’exploser à chaque sortie. Les chaînes exposaient les strates malaxées, violentées par un temps infini, de ce qui fût des couches de limon horizontal, sur une côte disparue. Le Parcours fût atteint par la Blanche, je pus continuer mon long plané jusqu’à la Crête de Serres, à proximité des Saint-André les Alpes. Le plafond s’abaissant, je ne cédais pas aux sirènes méditerranéennes me suggérant d’aller plus au Sud vers Lachens. Je sais les pièges de l’entrée maritime à cette heure là. Je fis donc volte-face. Par un détour strictement motivé par l’esthétique du vol, je pris le parti de rejoindre un gigantesque couvercle assombrissant le Chapeau de Gendarme et le Siguret. Je pus admirer les reliefs lunaires du nord Mercantour. J’arrivais, le planeur humide, sur Rocca Blanca puis je surfais en vol de pente vers le Brec de Chambeyron. Le ciel d’un plomb dramatique obscurcissait les roches acérées et verticales. Les lacs, pierres précieuses, laissaient éclater leurs couleurs irréelles et cristallines. Irisations, bleus, verts, mauves…Ma promenade permis au Papa-Jules de rejoindre le Col de Serenne, à côté de l’autre « Lac des Neuf Couleurs », puis de remonter un peu, le temps d’admirer le drapé formé du velours des pelouses, rehaussé par l’ombre des reliefs, offerte par le soleil couchant. Au nord, les roches éclairées par l’or du soir, se projetaient sur le plomb du grain qui assombrissait Château-Queyras. Des rideaux de pluie d’un gris clair uni tombaient des nuages noirs de menace. Le Nimbus planait sur le front, nettoyant ses ailes par une douche fraîche et brève. Le plané continuait vers le Nord. Suivant les crêtes, s’insinuant sous les confluences sombres qui dévoilaient trois, quatre étages de nuages. Les couettes nébuleuses emplissaient les vallées italiennes, des nuelles échevelées couvraient les sommets de Plampinet, un couvercle sombre bordait les nuages fragmentés tombant comme des lustres à pampilles qui bordaient la Condamine. Je parvins jusqu’au Col de l’Eychauda. La dernière branche de cette promenade vespérale m’amena sur les crêtes séparant Puy-Moyen de Prachaval, empruntant le chemin des écoliers : Ascension, Esparges Fines, Béal Traversier, Chalanches, Lauzettes, Crousal… Cerise sur le gâteau, mon traditionnel vol sur la Crête de Vars, quoiqu’assombrie par les nuages, fit le bonheur du pilote, autant que celui des randonneurs qui admiraient l’élégant sifflement du Nimbus. Ce devait être une journée médiocre, ce fût un ravissement. Plafond 3858m, Vz moyennes 1.6 m/s, vent W puis S, moyenne de Fiat 500 (des années soixante, bien sûr) boostée aux hormones, le capot, ouvert, servant autant à aérer le moteur que d’aileron dynamique !
Date : 23/08/2019
Aérodrome de départ : Saint Crépin
Région : PACA
Pays : France
Distance : 262,07 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 83,64 km/h
Ce devait être très moyen. De fait, les premières treuillées furent brèves. Les remorqués qui avaient précédé en QFU 34 du fait d’un vent Nord furent plus balistiques que réellement vélivoles. Une fois le vent devenu nul, je partis en remorqué pour tâter Gaston et sa crête bien connue des crépinois. Une pompe fut trouvée qui m’arrachait à la gravité. Le Peyron était aux abonnés absents et Puy Moyen satellisa le Papa-Jules. Les rues menèrent le Nimbus vers les aiguilles d’Arves. Je pus admirer les trois doigt de roche pointés vers le ciel. Un glacier aluminisé, blessé de crevasses, était à l’agonie. De retour, je passais par le Col du Glacier Blanc, lui aussi décharné jusqu’aux moraines qui saillent tels un squelette minéral. De larges crevasses sont autant de plaies qui saignent des ruisseaux. Arrivé à la Brèche Pierre-Etienne, un thermique me donna une option pour retourner vers la Voie Royale. Je pus faire de la pente aux bords du Dôme des Ecrins, du Coolidge puis de l’Aile Froide, dominés par les roches jaillissantes et sombres, qui portaient des glaciers fragmentés dans une mort annoncée, laissant la roche à nu, comme une plaie montre l’os. Les rochers étalaient leur histoire, longue et brève à la fois, de massifs, jeunes, nés du choc des plaques tectoniques. Nous sommes loin des bassesses humaines ! La nature fût pourtant généreuse, offrant une descente, comme avant-hier, grandiose, le Nimbus se faufilant entre nuelles et pics, dressés comme pour retenir le planeur, mais le portant vers les nues. Plus au Sud, le Nimbus survolait les crêtes puis les sommets comme jaillis des profondeurs telluriques, ruisselant de graviers. Des rus, jus de galets, se rejoignaient en ramifications inversées pour irriguer les vallées étroites. Je pus planer vers le Morgon. Je fis le choix d’aller faire admirer la silhouette du Nimbus par Louis XVI. Les pelouses, grillées, paraissaient velours doré aux rayons du soleil rasant. Quelques moutons étaient jetés là comme dés au casino. Je pris l’option de survoler les Séolanes. Arrivé à l’Estrop, les menaces de grains m’invitèrent à retourner sur mes pas. Je fis de la pente sur la Blanche, puis je rejoignis Louis, face vers le ciel. Les reliefs du Grand Bérard paraissaient lunaires, sous une chape de nuages sombres. Glissant vers le Parpaillon, j’admirais à ma droite l’obscurité des grains sur Chambeyron, à gauche la clarté du couchant. Au milieu, la crête, en une ligne brisée chevauchée par le Nimbus. Des nuages projetaient leur ombre chinoise évoquant un dragon sur une tache de lumière. Les aiguilles de Chambeyron étaient surmontées de panaches de brume. Au dessus de Prachaval, comme sur une toile baroque, l’éclat du soleil s’opposait au plomb des étalements, jetant ses rayons obliques, comme des doigts divins en un éventail lumineux qui traversait les nuées sombres, surlignées de clarté. Dessinant la silhouette des reliefs, à l’Ouest, un camaïeu d’aplats de brume bleutée s’éloignait, plan par plan, vers une pâleur lointaine. Plus loin, à droite, la crête de Plampinet se coiffait de plumes d’autruche nébuleuses. Puis, je vis les Agneaux, noirs et dramatiques comme un château fort de conte de fées, se projeter sur le fond gris unis des averses qui rinçaient le Glacier Blanc, comme pour l’achever. Sous un plafond obscur de nuages étals, le planeur pût tourner Monétier les bains pour rejoindre, au dessus des reliefs griffus de Prachaval, la crête de Vars, pèlerinage quotidien, afin d’être émerveillé par la croix gracieuse et élégante du Nimbus, courant sur les pelouses baignées de l’or du soir. Ce planeur évoque pour moi ces yachts des années trente, profilés et d’une beauté intemporelle. Plafond 3600m, Vz moyenne : 1.7 m/s, Vent plutôt Ouest, moyenne de promeneur émerveillé.
Date : 24/08/2019
Aérodrome de départ : Saint Crépin
Région : PACA
Pays : France
Distance : 229,74 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 71,42 km/h
Comme hier, j’ai choisi de partir en remorqué directement aux orteils de Gaston. Une pompe sédentaire m’a hissé à une distance respectable du sol. Un rebond sur la dent du Peyron, une glissade sur les crêtes assombries par les cumulus étals et plombés, puis un aller vers le glacier blanc, agonique, ont commencé cette promenade. Revenu vers Vallouise, je changeais d’avis et je me glissais sous une rue sombre pour tourner le Col du Galibier. Papa-Jules dirigeait son nez orange vers le nombril du lecteur de la carte. Un plané touristique au dessus des crêtes de Peyrolles emprunta le Col des Estronques, la Pointe de Marcelette puis la Pointe des Avers, me permettant d’admirer Saint-Véran, tanquée au flanc du Pic de Chateau-Renard ou je découvrais un observatoire au dôme d’un blanc pur. Le Nimbus s’orienta vers le col de Cristillan puis celui des Ugousses, puis Girardin, le Lac Sainte-Anne puis l’imposante Font-Sancte, enfin La Mortice et le Col de Serenne. Après un rebond au Col de Vars, je partis au Sud encore, pour une descente en roue libre vers le Lac de Sagnes, en survolant le Bec de l’Aigle puis le Tête de Fer. Un virage au ras des zones réglementées m’offrit le spectacle du Lac de Sagnes, bleu marbré de vert, puis un plané inverse permit au Nimbus d’être propulsé vers le haut par Siguret. Je continuais ma ballade sur le Grand Bérard coiffé d’un gigantesque béret noir nuageux, en bon alpin. Je bigornais vers le Parpaillon, guidé par le bord des nuages sombres, puis je rejoins Vars et le redan Nord de sa crête qui me fournit l’énergie potentielle nécessaire à la suite de la randonnée. Je cherchais en vain un ressaut que l’agitation des ascendances me suggérait. Je suivis donc les crêtes qui m’amenèrent au réservoir turquoise du Col de l’Eychauda. Le retour me rapprocha d’un dépannage improvisé aux Crots qui abrégea le voyage. Les roches tant du côté Nord qu’au Sud dévoilaient des reflets colorés, gris des schistes, ardoises argentées, vert de gris, coulées ocres, jaune du calcaire, veines roses émergeant des strates, rouge ferreux. . . Cette ballade, quoique confinée dans un espace restreint, fût magnifique. La variété des paysages dans le temps m’a subjugué. Plafond 3480m, Vz moyennes : 1.7 m/s, vent SW, moyenne de promenade à pique-nique.
Date : 27/08/2019
Aérodrome de départ : Saint Crépin
Région : PACA
Pays : France
Distance : 39,39 km
Planeur : ASK 13
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 39,39 km/h
Aujourd’hui la troisième épreuve. Hier Olivier a volé avec ses élèves et moi avec Bada. Une leçon de pilotage. J’ai rarement observé un sens de la trajectoire et une optimisation en transition aussi aboutis. Je vole avec Jérémy. C’est un trentenaire passionné. Sa première treuillée est très correcte. Il découvre ensuite le vol de pente puis le vol en meute dans les varios anémiques. Ayant touché le plafond du moment, nous partons vers Fouran, puis Clotinaille et enfin le Guillaume qu’un nuisible avait éteint. Arrivés à plus de 1800m, j’ai pu enseigner à Jérémy les pentes à moyenne altitude, puis à basse altitude, puis à très basse altitude, enfin nous avons visité un appartement témoin au Pibou, pour terminer nous avons observé la technique des kite-surfeurs. J’ai pu montrer à Jérémy à partir de quand la décision de la vache est irrévocable. Nous n’avons pas été seuls : Le prix de la Vache Primeur nous est revenu (CT), Le Prix de beauté a été octroyé à CA pour un point d’aboutissement sur la cabine d’un camion de chantier, Le Prix de l’originalité à SE pour une vache dans le champ le plus inconnu du coin, le Prix de la constance à PH pour sa deuxième vache dans le même champ, enfin le Prix de l’humour à CK pour la vache la plus proche du terrain. Plafond 2500m aux barbules, Vz moyenne 1 m/s, moyenne de moine contemplatif assis sur une colonne en plein désert.
Date : 04/08/2019
Aérodrome de départ : Saint Crépin
Région : PACA
Pays : France
Distance : 73 km
Planeur : ASK 13
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 60 km/h
Un vol d’agrément pour Claude avec le « Yankee-Mike ». Nous décidons d’aller au Nord. Une treuillée magnifique de l’Amiral, qu’il soit ici remercié, puis Prachaval en fin de soirée : on met une pièce et on monte ! Je suis les reliefs et le Peyron étant mou, nous volons en pente de Peyre-Eyraute jusqu’au Puy Moyen. Un petit troupeau de chamois attire mon regard sur une minuscule terrasse, surplombant un gouffre vertigineux de roches acérées. C’est magnifique. Nous arrivons sur la Tête d’Amont (Marcel ?) puis nous surfons d’abord en pente puis au ras du sommet, au plus grand bonheur de randonneurs qui arrivent à peine sur le dôme pierreux de la Condamine. Nous nous saluons de la main. Puis j’amène Claude vers le Glacier Blanc, agonique. Nous ne l’atteignons pas et nous décidons du retour. Claude était heureux, moi aussi, par conséquent. Pas de plafond, pas de Vz, juste la beauté d’un vol du soir.
Date : 05/09/2019
Aérodrome de départ : Saint Crépin
Région : PACA
Pays : France
Distance : 248,12 km
Planeur : Nimbus 2
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 60,03 km/h
Après un peu d’instruction pour rendre service aux Crépinois, je vole avec Papa-Jules aujourd’hui. Pour faire râler Tino, je pars en pôle position. Ça n’a pas duré longtemps ! Après avoir menacé de poser sa roue sur ma verrière, Tino a réussi à monter au Peyron. Moi, pas. . . Je suis donc retourné sur Prachaval puis Vars ou j’ai étudié quelques options avant de patienter dans un vario anémique qui a pu permettre au Nimbus de passer au dessus de la crête, puis d’atteindre les barbules. Le départ fût lancé sur la crête de l’Homme qui m’a satellisé à 3500m. Je fus vers le Sud, vers le Chapeau de Gendarme puis la crête joignant les Séolanes à l’Estrop. Enfin sur le parcours, mon aéronef quadragénaire m’amena vers La Mure, à proximité de Saint-André les Alpes. La rapidité de la rentrée maritime par l’Ouest m’a dissuadé de suivre l’exemple des compétiteurs Bordelais. Je suis donc retourné sur mes pas pour retourner à Vars. Seule une option par le Grand Bérard puis la crête jouxtant le Parpaillon à donné de la variété à ma trajectoire. Un rebond sur la crête de Vars puis j’ai choisi une rue menant au Peyron, bien que je fus tenté par celle, plus orientale, qui menait au Chaberton par l’Izoard. Les Agneaux étaient enserrés par les ondées qui plombaient la visibilité. Je fuis vers la confluence menant vers le Chaberton mais la description sur la VHF de son aérologie m’a dissuadé à y aller. J’ai donc musardé en direction du Col Agnel, sans l’atteindre. Divers étages de nuages, en camaïeu de gris, découpaient les reliefs, parfois sous la forme d’une crête noire sur le fond blanc des nuages. Les ruissellements nébuleux, les nuelles fragmentées des confluences, les barres noires de cumulus soudés étaient magnifiques. J’ai pu admirer un aigle royal se poser au faîte d’un sommet, ouvrant d’impressionnantes serres pour toucher le roc. Retourné à Vars, je faisais ma promenade vespérale habituelle, admirant la silhouette élégante du Nimbus ondoyer le long des pelouses d’un vert tendre, rasant les pâtures. En montée, le spectacle des roches sèches de la ligne de crête menant à Font-Sancte, jaillissant des profondeurs et ruisselante de graviers, était grandiose. Ma promenade s’est terminée au Sud du Pic du Clocher, rejoint directement par Risoul, puis j’ai glissé le long des ondulations minérales des faces Sud du Pic Saint-André, jusqu’au télésiège du Col de Crévoux. Enfin, une virgule sur le Méale. Un petit circuit mais ô combien magique ! L’errance du promeneur était récompensée par la beauté des paysages. Quel dommage aurait été de passer trop vite et d’être aveugle à ces spectacles. Plafond 3454m, Vz moyennes 1.3 m/s, Vent Sud puis Ouest. Moyenne de crabe hémiplégique.
Date : 24/09/2019
Aérodrome de départ : Bagneres-De-Luchon
Région : PACA
Pays : France
Distance : 44,63 km
Planeur : Duo-Discus
Type de circuit : Libre
Vitesse moyenne du circuit : 22,13 km/h
Depuis hier, je suis un très sympathique stage pour instructeur à Luchon. Hier j’ai volé avec Noël, grand Pyrénéiste et grand vélivole. Ce jour, avec Francis, nous découvrons le local (sinon le bocal !). J’ai exécuté la treuillée pour Francis, qui n’aime pas ça. Puis nous sommes allé gratter la pente avec autant de patience que la brise était molle. A 1500m, un plafond de verre nous retenait, plus étanche qu’un aquarium. Nous avons changé de pente pour aller vers Montauban, après voir exploré les faibles varios vers le col du Portillon. Sans tomber, mais sans monter, nous avons passé le temps. Parfois dans un dog-fight avec nos compagnons d’infortune. En fin d’après midi, telle une jeune mariée timide, la pente de Super-Bagnères nous a enfin délivré une pompinette qui nous a permis de tutoyer l’hôtel tanqué au sommet des pistes. Nous l’avons exploré étage par étage. (Belle déco intérieure !) Un long plané a fini ce vol, pas bien fort, pas bien haut, pas bien loin, mais très agréable. Les moutons égrenés ça et là, les vaches nous regardant d’en haut comme elles verraient un train passer, quelques chevaux peuplent les pelouses et les clairières cernées de forêts touffues. Les cimes aiguës, lointaines et narquoises nous ont toisé tout l’après-midi, comme pour nous signifier qu’ici, rien n’est facile, et qu’il faut plusieurs années à un pilote pour tenter de comprendre les remous qui agitent l’air de cette vallée profonde et obscure. Belle découverte. Plafond péniblement atteint : 1892m (2400m dans l’onde pour les locaux), Vz moyenne 0.6m/s (mm/s ?), inutile de parler de vent ni de brise, ça dépend ou on est… Moyenne pour les cénobites tranquilles.